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  Le château de la Ferrandière

Descriptif issu de la thèse de doctorat de civilisation médiévale de M. Philippe DURAND :
"Les châteaux de la baronnie de Montmorillon au XIVe et XVe siècles".

 

 

A quelques kilomètres au nord de Montmorillon, entre les hameaux de Rillé et de Peufavard le promeneur remarque assez loin de la route, en pleine campagne, une tourelle de pierre qui émerge d'un petit bois. Après quelques centaines de mètres à travers champs, il atteint le bosquet et a l'énorme surprise d'y découvrir un ensemble de bâtiments dont la présence est absolument indiscernable des alentours. C'est le château de la Ferrandière qui est malheureusement dans un état désastreux de conservation, car la nature a repris ses droits et l'a totalement envahi.

Historique.

Les textes restent entièrement muets en ce qui concerne la Ferrandière. La première mention n'est que de 1650 ; elle émane d'un document de l'abbaye de Saint-Savin.

A la Révolution, l'ensemble est vendu comme bien national. Le 21 mars 1791, la métairie située au lieu de la Ferrandière est adjugée au sieur Duhauboutet et la "maison" est octroyée au sieur Butaud le 9 mai pour une somme de 3500 1ivres. Le château passe ensuite en de nombreuses mains. En 1920, les pierres de taille sont vendues et les murs de la ferme exploités par les cantonniers pour faire les routes.

On ne sait donc rien sur le château. Par sa position géographique, il semble évident qu'il se trouve dans la baronnie de Montmorillon. Cependant il est curieux de ne le voir jamais figurer dans les aveux et dénombrements. La première mention (1650) est liée à l'abbaye de Saint-Savin. Hors la viguerie de Rillé, où se trouve le château, a été cédée à cette abbaye par Alphonse de Poitiers le 3 décembre 1260. Peut-on alors en conclure que la Ferrandière dépend de saint-Savin, tout en se trouvant sur le territoire de la baronnie de Montmorillon ?

Il y a trop peu d'éléments pour pouvoir trancher.

Description archéologique.

L'état de conservation très médiocre des bâtiments ne permet pas une analyse archéologique précise et la végétation rend souvent impossible l'examen des murs. L'ensemble a cependant un grand intérêt.

Des fossés entouraient à l'origine le château. Ils sont aujourd'hui en partie comblés, mais on les devine encore au nord et à l'ouest. Il n'est pas possible de préciser leur aspect et leur dimension. Ils devaient être secs la plupart du temps, mais comme le terrain est argileux, ils pouvaient probablement, à certaines périodes, recueillir les eaux de pluie arrivant des champs situés tout autour.

La forteresse présente un plan polygonal et couvre une surface d'environ 1900m2. Elle se compose d'une enceinte délimitant une cour au sud, d'un logis avec chapelle occupant la presque totalité de la partie nord, et de deux tours, l'une au nord, l'autre au nord-ouest.

 

A)L'enceinte

Elle subsiste uniquement au sud et au sud-ouest, mais ses fondements sont toujours visibles à peu près partout. Elle est assez rectiligne à l'est, mais présente au sud et à l'ouest des saillies externes. Elle se compose de moellons à peine équarris d'origine locale (calcaire). Les murs ont une épaisseur de lm à 1,l0m. Ils sont conservés sur une hauteur de 4m à 4,5Om ; il est impossible de préciser leur aspect originel. On remarque çà et là quelques trous de boulins, mais surtout sur la face interne des trous d'ancrage (O,25m sur O ,2Om) qui recevaient probablement des éléments de bâtiments en bois plaqués à l'enceinte. Cette enceinte est épaulée au milieu de la face sud et à l'angle sud-ouest par une tourelle pleine, construite en appareil beaucoup plus régulier, dont le diamètre avoisine 1,40 m. Il devait vraisemblablement y avoir une tour à chaque angle. Une particularité doit être soulignée: il n'y a aucun élément de tir. Une question vient enfin à l'esprit : où était l'entrée? Si l'on examine l'état actuel des murs, il n0 y a qu'un endroit où ceux-ci sont interrompus: à environ 7m de la chapelle, au sud, sur une distance de 3 à 4m. L'accès pouvait donc se trouver à cet endroit.

 

B)Les tours 

Très mutilée, la tour nord est construite en moellons auxquels se mêlent quelques blocs plus gros. Elle a un glacis à sa base. Les murs ont une épaisseur de O,8Om. Il n'y a pas d'élément de tir, mais les parties ouest et est étant éventrées, il faut rester prudent. Son plan est semi-circulaire, avec cependant une section droite du côté interne. Son accès se faisait par le logis; il reste deux ouvertures superposées. Sur le plan militaire, cette tour présente deux éléments assez illogiques: elle est d'abord décentrée vers l'est et ensuite sa saillie n'est que de 3m (alors que sa largeur à son amorce est de 8m). En conséquence, elle n'assure pas un flanquement efficace. La tour nord-ouest a, elle, une saillie de 5m environ. Construite également en moellons irréguliers, elle est conservée sur une hauteur d'à peu près 5m. Ses murs ont une épaisseur d'lm. Elle ne présente aucun élément de tir. Intérieurement, on remarque les trous d'ancrage de deux planchers. La partie supérieure étai t utilisée comme colombier (boulins carrés) . Deux ouvertures, l'une au rez-de-chaussée, l'autre à l'étage, assuraient la desserte. 

 

C)Le bâtiment nord. 

Considéré dans son ensemble, celui-ci est assez imposant: 36m de long en est-ouest, 5 à l0m de large en nord-sud, avec une desserte assurée par deux tourelles d'escalier placées au sud. Il se compose de trois salles rectangulaires. Il est lui aussi construit en moellons irréguliers, sauf au sud-ouest où un appareil moyen a, semble-t-il, été employé (l'état de conservation est tellement médiocre qu'il est souvent difficile de juger; il ne subsiste la plupart du temps qu'un amas de pierres et de terre, seule la fouille permettrait une bonne analyse). Ses murs externes ont une épaisseur de l,10m à l,20m et ses murs internes de 0,70m à 0,90m. Il est très irrégulièrement conservé. Dans sa partie centrale, les murs atteignent 8 à l0m de haut. Le sol est partout encombré par les éboulements. La salle orientale a perdu ses murs nord et est, mais conserve les deux autres ( soulignons que le mur ouest n0est pas articulé au nord), ce qui permet de savoir qu'elle se composait d'un rez-de-chaussée et de deux étages. Le plancher du premier niveau reposai t au sud sur de grosses consoles de pierre. Des portes rectangulaires très simples permettaient la communication à l'ouest avec les autres parties. La partie centrale est spacieuse: 12,50m sur 6,50m. Elle n'est que partiellement conservée. Son mur sud n'est pas articulé avec la grosse tourelle d'escalier. A l'est, il y avait une ou plusieurs cheminées; il n'en subsiste que le conduit. Les planchers des deux étages étaient reçus au nord et au sud par des trous de boulins. Il subsiste au nord les vestiges d'une sorte de niche au rez-de-chaussée. L'ensemble était desservi par un escalier placé au sud-est. Très mutilé, ce dernier, logé dans une tourelle carrée, est en colimaçon. Son diamètre est de 2,85m. Il ne conserve que l'amorce de trois marches dont l'intrados présente un chanfrein. A l'ouest, tout est entièrement détruit. Le tracé des constructions est juste devinable (11m sur l0m) et il ne subsiste qu'une toute petite partie du mur sud. Chose étonnante, l'angle sud-ouest est épaulé par une tourelle pleine de même type que celles de l'enceinte, tourelle conservée sur une hauteur de 2m seulement. La desserte de cette partie occidentale était assurée au sud-est par une tourelle d'escalier imposante d'environ 6m de diamètre; les murs de celle-ci ont une épaisseur de 1,35m et sont constitués d'un appareil irrégulier, mais plus gros que celui déjà rencontré dans le château. L'escalier est totalement éventré; une petite fenêtre rectangulaire, fortement ébrasée vers l'intérieur, l'éclaire au sud à chaque niveau; quatre portes (rez-de-chaussée et trois étages) assuraient la communication avec les salles. La tourelle était accessible par une ouverture située à l'ouest. L'état médiocre de conservation de la partie inférieure, du côté nord, rend la lecture archéologique difficile; il est néanmoins possible que la porte du rez-de-chaussée de la tourelle ait donné accès à une salle voûtée. Soulignons deux éléments importants: cette tourelle ne dessert pas la salle centrale du bâtiment et elle n'est pas liée avec le mur sud de cette dernière. C'est la preuve qu'elle est antérieure, de même que la salle ouest, à la salle centrale. Le problème sera considéré ultérieurement. 

 

D)La chapelle. 

Située au sud-est du logis, la chapelle est également en piteux état, ayant perdu une partie de sa voûte et de son mur sud. Elle est parfaitement orientée. C'est un édifice rectangulaire (9,80m sur 5m en oeuvre) composé d'une simple nef à chevet plat. Elle est construite, comme le reste du château en moellons irréguliers, recouverts intérieurement d enduit, mais un très bel appareil de grande dimension a été utilisé pour les ouvertures. On remarque çà et là quelques trous de boulins. 

Extérieurement, la chapelle est entièrement recouverte de végétation. Seules les fenêtres sont à peu près visibles ; elles présentent un très court ébrasement externe. Intérieurement, le mur oriental présente deux baies en plein cintre parfaitement centrées; très étroites (0,l6m), hautes (l,88m), elles sont ouvertes à 2,65m du sol; leur ébrasement interne est très important (il passe de 0,l6m à l,78m de large) et l'embrasure possède un glacis à sa base; dans cette embrasure, plusieurs blocs de pierre composent chaque assise aux piédroits, alors que l'arc est constitué de longs claveaux monolithes de fort belle facture; l'arc de la baie elle-même est également monolithe. Le mur nord, haut de 4,50m, est nu; sa partie supérieure est soulignée par une corniche simple qui marque l'amorce de la voûte. L'organisation est la même au sud; on remarque là les vestiges d'une niche ( éventrée aujourd'hui) ; une fenêtre, ouverte à 2,20m du sol, assure l'éclairage ; elle est de même type que ses voisines de l'est, mais moins haute (1,40m) et plus large (0,37m). La partie sud-est a disparu; c'est là que se trouvait la porte; le propriétaire actuel a eu la malencontreuse idée de la faire démonter , ainsi que des sculptures qui la surmontaient, pour la remployer ailleurs, ce qui a entraîné l'écroulement du mur et d'une grande partie de la voûte. Le mur occidental est nu. La voûte est en berceau très légèrement brisé. Haute d'environ 7m, elle est montée en moellons assez plats, présentés verticalement et noyés dans du mortier. Le sol est encombré dans toute la partie sud-ouest par les débris de la voûte et du mur. Le niveau initial est cependant parfaitement visible dans la partie orientale. A l'est, on remarque un bloc de maçonnerie de l,30m sur l,59m pour une hauteur de l,l0m ; non lié avec le mur, il est parfaitement centré; il s'agit de toute évidence d'un socle d'autel.

Remarques générales.

L'analyse archéologique du château de la Ferrandière est rendue très difficile, comme cela a été précisé, à cause de l'état de conservation, mais aussi à cause de la végétation qui interdit le plus souvent la lecture des murs et de leur liaison. Un débroussaillement et des fouilles seraient nécessaires pour avoir un bon jugement. Ce n'est malheureusement pas envisageable pour l'instant, ce qui incite à une grande prudence quant aux hypothèses qui peuvent être formulées.

Si ce n'est à la grande tourelle d'escalier et au mur sud-ouest du bâtiment, l'appareil est partout uniforme. Rappelons néanmoins certains éléments qui retiennent l'attention la grande tourelle a un appareil plus gros, elle n'est pas liée au mur qui se pose sur elle à l'est, elle ne dessert pas la salle centrale où elle forme un arrondi ; le mur sud de la salle ouest est apparemment construit en appareil moyen; une tour du même type que celles de l'enceinte occupe l'angle le mur est de la partie centrale n'est pas lié avec celui du nord; enfin la chapelle ne communique pas avec le logis. Tout cela amène à penser qu'il y a eu deux phases de construction. La première aurait vu naître l'enceinte, la chapelle (contemporaine puisque son mur oriental est parfaitement lié aux autres éléments) et peut-être un donjon de trois étages (la salle ouest actuelle) épaulé par une tourelle pleine au sud-ouest et desservi par une tourelle d'escalier au sud-est. La seconde aurait consisté en une adjonction au nord-est, dans les espaces restés libres, d'un bâtiment à deux étages desservis par un autre escalier. Les tours nord et nord-ouest pourraient peut-être être associées à cette seconde campagne. Cette hypothèse reste naturellement d'une très grande fragilité.

 

Datation.

La datation du château reste très délicate, car les éléments archéologiques qui la permettraient sont très peu nombreux. Sur le plan stylistique, seule la chapelle pourrait être de quelque secours, mais sa porte ayant disparu, il est impossible par le seul aspect actuel de se prononcer. Etant donné la typologie de l'ensemble, on peut raisonnablement écarter le XIIième et le XIIIième siècle. Le XIVième siècle est en revanche tout à fait envisageable pour deux raisons : l'absence totale d'élément de tir dans cette forteresse, notamment à l'enceinte (il n'y avait probablement qu'un chemin de ronde en bois), et l'utilisation de tourelles pleines pour épauler cette enceinte, tourelles qui rappellent celles de l'enceinte de la ville de Poitiers (en plus modeste bien entendu) construites à cette époque, mais aussi celles qui flanquent le château de Pruniers

Ajoutons enfin pour étayer cette hypothèse que le XVième siècle paraît moins probable à cause de l'absence de poste de tir, mais aussi à cause du manque total de flanquement.

 

Conclusion.

Malgré un état désastreux, le château de la Ferrandière retient l'attention et gagnerait à être mieux connu par des fouilles. Construit en terrain plat, il présente dans son premier état, qui est probablement du XIVième siècle, une enceinte épaulée de tourelles pleines, une chapelle et vraisemblablement un donjon. Une seconde campagne ajoute un logis au nord-est et deux tours.

Le côté défensif reste assez faible ; les seuls éléments de protection se résumaient aux fossés, à la hauteur des murs et probablement à un chemin de ronde en bois ; il est impossible de se prononcer sur la physionomie du donjon. L'aspect résidentiel est marqué par la chapelle ; des bâtiments de bois étaient plaqués à l'enceinte ; l'absence de puits peut surprendre : celui-ci a dû disparaître.

Par sa physionomie, la Ferrandière peut certainement être considéré comme un exemple caractéristique de la "petite" architecture militaire du XIVième siècle.

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Dernière mise à jour : ;1 Janvier, 2015

 

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